Il vous arrive sans doute, comme à moi, d’échapper parfois à quelque chose « à un cheveu près », « à une seconde près », « d’un chouia » mais il est rare que l’on passe sa vie « à un mètre au moins » des autres. Depuis cette injonction salvatrice mais ô combien contraignante, nous nous sommes décalés et nous regardons le monde d’une nouvelle perspective : notre œil nouveau observe les êtres et les choses comme des étrangers et ils prennent soudain une importance particulière. Ainsi, les invisibles deviennent remarquables : soignants, éboueurs, livreurs, caissières… Nos voisins de palier, « bonjour, bonsoir », nous apparaissent plus familiers et sympathiques chaque jour à 20H … Nous nous retrouvons face à nous-même et face à ceux que l’on aime avec, il faut le dire, plus ou moins de facilité et de bonheur. Et l’on se surprend à penser la vie différemment. De cette singularité sortira sans nul doute plus d’une idée géniale ou inattendue. Curieusement, nous nous enrichirons de cette expérience et nous en garderons peut-être une trace dans notre ADN. L’avenir nous dira ce qu’il retient de cette drôle d’histoire mais d’ores et déjà, chacun de nous peut mesurer combien son regard a changé et les bénéfices qu’il peut en retirer dans sa petite vie, dans son cercle et en deçà d’un mètre. « Nous changerons notre regard sur le malheur et, malgré la souffrance, nous chercherons la merveille » comme Boris Cyrulnik nous y invite.
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